Le café en capsules fait le bonheur des ménages depuis plus de trente ans, mais avec les déchets qu’il produit, son goût est bien amer pour notre planète. Alors, « what else ? » Comment faire pour boire un jus plus responsable ? Bonne nouvelle : depuis que ces dosettes ne sont plus protégées par les grandes marques de machines à expresso, des solutions moins polluantes existent.
Ces capsules qui nous envahissent
Après l’eau et le thé, le café est la boisson la plus consommée au monde. Cela représente environ 400 milliards de tasses par an. Mais qu’il soit court, long ou serré, avec ou sans mousse, notre petit noir reste trop souvent prisonnier d’une capsule plastique ou aluminium qui finit la plupart du temps dans nos poubelles et dans l’environnement. Rien qu’en France, où 40% des foyers possèdent désormais une machine à dosettes, on estime à 5 millions par jour le nombre de capsules vendues dont seulement 2% seraient recyclées.
Une facture écologique bien lourde pour un petit plaisir quotidien. Voilà pourquoi, dans un contexte d’urgence climatique et environnementale, l’usage du café en capsules est régulièrement montré du doigt. En cause, l’économie du jetable et l’incapacité des fabricants à collecter et à recycler les matériaux des consommables. Résultat ? Un envahissement de nos environnements (proches ou éloignés) par les capsules, avec un impact réel sur les écosystèmes (faune et flore) et sur notre santé.
Tuons les dosettes !
En Amérique du Nord, la consommation de café en dosettes (nommées pods, caps ou cups en anglais) est forte. En 2015, une campagne de sensibilisation a été menée sur YouTube par le collectif Bean Responsible (« Grain responsable ») incitant les consommateurs à bannir les capsules à usage unique et à signer la pétition sur la plateforme Change.org. Par son titre provocateur, « Tuez les K-cup avant qu’elles ne tuent la planète », la vidéo digne des grands films catastrophes a fait réagir nombre de citoyens. La cible visée était la société Keurig, le leader américain des machines à café en capsules. Avec sa célèbre K-cup en plastique qu’elle écoule massivement (environ 10 milliards par an), elle contribue à alimenter la gigantesque poubelle située dans le Pacifique nord plus connue sous le nom de « septième continent » ou « soupe de plastique ». Pour garder une image qui donne le tournis, la production annuelle de K-cup mises bout à bout équivaudrait, selon Bean Responsible, à 10,5 fois le tour de la Terre. Il est donc grand temps d’agir !
La communication au secours des capsules
Face à ce lobbying efficace, les constructeurs de machines et de capsules s’organisent. Depuis quelques années, chacune d’elles affûte ses réponses marketing pour rassurer ses clients, se racheter une bonne conscience et protéger son commerce juteux. L’enjeu pour ces sociétés est de taille, car le prix du café en dosettes est de quatre à sept fois supérieur à celui du café vendu en vrac. On parle, à juste titre, d’un second or noir.
Nespresso, filiale du géant suisse Nestlé et inventeur historique du café en capsules, a bien compris la menace. Elle aussi a été la cible de campagnes dénonçant son modèle économique désastreux sur le plan environnemental et social (voir l’action de l’ONG suisse Solidar en 2011). Sa réponse aux attaques est claire : développer une communication vertueuse vantant d’un côté ses actions de collecte-recyclage et, de l’autre, ses aides aux producteurs des pays africains qui lui fournissent la matière première à bas prix (programme The positive cup).
Le client mis à contribution
Nespresso, qui se présente comme une « entreprise durable », se lance donc dans ce qu’elle appelle l’« écolaboration ». Cela lui permet en passant de commercialiser un container de cuisine servant à stocker les capsules − de manière toujours élégante. On compte évidemment sur la conscience écologique et la smart attitude du client, à la manière d’un Clooney, pour les ramener dans d’hypothétiques lieux de collecte ou dans des déchèteries ayant passé des accords avec Nespresso. Pour un produit vendu comme un article de luxe – il suffit de penser au packaging et au design des boutiques toujours plus chic −, le service proposé par la firme suisse reste au final très bas de gamme.
Après la guerre des dosettes, la paix des méninges
Si le bon sens démontre que boire du café en capsules est un geste toxique pour la planète, d’aucuns ajouteront qu’il existe depuis toujours des façons de faire du café sans grandes conséquences pour l’environnement. La moka italienne ou la cafetière à piston en sont quelques illustrations. Mais de nouvelles habitudes de consommation ont été prises et convaincre les aficionados du café encapsulé ou les geeks de la dosette de revenir à la cafetière à papa est un pari sur l’avenir fort hasardeux. Sauf à prendre des mesures coercitives – comme l’a fait la ville de Hambourg –, il est possible d’adopter des solutions moins radicales et tout aussi efficaces utilisant des capsules réutilisables.
Des capsules rechargeables et compatibles avec l’environnement
En effet, depuis la fin de la guerre des dosettes (2014), Nespresso a permis à ses concurrents de fabriquer des capsules rechargeables à l’infini et compatibles avec différents modèles et marques de machines à expresso. Des kits proposés à différents prix et dans différentes matières ont fleuri çà et là : en plastique (entre 7 et 20 euros) ou en inox (entre 20 et 35 euros). Le gain de ces solutions rechargeables est triple :
- Le prix à la tasse diminue sensiblement
- Le consommateur reprend la main sur la matière première : il peut choisir finement la qualité (cru, torréfaction, mouture, mode de conservation) et l’origine du café (terroir, production biologique et/ou équitable)
- Les déchets et l’empreinte écologique sont limités
Les amateurs de goût et de technologie apprécieront. Leur bilan carbone également. Les plus minimalistes continueront à privilégier la bonne vieille cafetière de grand-maman.
Pour partager cet article, copiez le lien ci-après :
https://cleajobs.cleanum.fr/decapsulons-le-cafe-en-dosettes-pour-reduire-nos-dechets/

